Sydney, Mumbai, villes d’Asie ?

Les aires culturelles, de la nomenclature au concept.

 

Résumé

S’appuyant à la fois sur une approche géographique, partiellement théorique, et sur des enquêtes de terrain menées en Australie pendant l’été 2002 par Patrick Poncet, comparées en particulier à celles menées à Mumbai dans l’hiver 2003 par Blandine Ripert, cette double intervention se propose de montrer comment les changements en cours dans la mobilité et la télécommunication incitent à réexaminer les stratégies spatiales dans la ville et les processus d’urbanisation, mais permet également de réfléchir à la portée et aux limites des grands découpages du Monde.

L’agglomération de Mumbai compte presque autant d’urbains que l’Australie, et quatre fois plus d’habitants que l’agglomération de Sydney, tout en étant deux fois moins étendue. Avant même de recourir à des différenciations d’ordre culturel, ces simples chiffres (qui seront complétés par d’autres analyses) incitent donc à penser que la ville n’y est pas la même dans les deux cas. Cependant, c’est aussi là une approche de l’urbanité qui insiste sur la coprésence, à laquelle la mobilité et la télécommunication seraient subordonnées. Or, à une époque où l’évolution des sociétés conduit à la prise d’importance de ces deux types de relation, multipliant les échelles de vie, il est légitime de s’interroger sur ce que leur meilleure prise en compte change dans notre manière d’appréhender l’urbanité, et par conséquent la culture, en particulier celle qui structurerait une 'civilisation urbaine'.

À l’échelle du fuseau australo-asiatique, deux phénomènes, en interaction l’un avec l’autre, contribuent à lier l’Australie à l’Asie : les migrations d’établissement durable ou d’études et le tourisme. Dans le contexte d’un pays occidental d’immigration et de tourisme, ces mobilités individuelles s’ajoutent aux liens économiques et culturels déjà serrés que l’Australie a tissés avec ses voisins asiatiques. Elles sont en outre productrices de lieux urbains, mais sur un modèle plutôt moins diversifié (outre la décoration) que ne le sont les formes urbaines des différentes aires culturelles à l’échelle du Monde. La mobilité accrue des hommes rime-t-elle donc avec la mobilité des villes, leur évolution vers un modèle unique ?

Ainsi, à l’échelle des villes, la mobilité est un indicateur à prendre en compte pour compléter une approche morphologique dont la tendance 'naturelle' est au différentialisme. Alors, outre le contexte culturel, il faut se demander si la métropolisation et le rang mondial de villes comme Mumbai et Sydney correspondent à une convergence de leurs modèles urbains. Réciproquement, se pose ainsi plus profondément la question de la relation entre culture locale et ville mondiale.

Enfin, si la télécommunication est une composante ancienne de l’urbanité, la prise en compte de ses mutations récentes (complexification par diversification et amélioration) renforce l’intérêt des interrogations portant sur les mobilités aux deux échelles évoquées. Autrement dit, il s’agit de poser sous un angle géographique la question des relations entre technique et culture dans le contexte urbain. En d’autres termes, il faut dégager les convergences et les divergences médiologiques que génère l’articulation entre urbanité, mobilité, et télécommunication.

Ainsi, l’Asie, qui a d’abord été pensée depuis l’Europe à la fois comme un 'ailleurs' et comme un 'au-delà', une sorte de périphérie largement autonome, profitable mais difficilement contrôlable, verrait probablement sa définition enrichie si on la considérait dans une perspective plus équilibrée, moins unilatérale et homogène. La Géographie, tout en intégrant la dimension culturelle des sociétés, y compris dans sa diversité, lui offre alors des outils et des concepts pour penser l’articulation aujourd’hui fluide et réticulaire de ses centres et de ses périphéries.

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cf. Patrick Poncet, Les “aires culturelles” face à la ville, Espacestemps.net, 5 mars 2003.

 

 

 

 

 

 

Page mise à jour le 18 janvier 2005