Tourisme (tourism, 1811 ; tourisme, 1841) |
Lexique (auteur : Équipe MIT). Merci à Vincent Coëffé (Équipe MIT) pour avoir compilé les différents documents ayant permis d'établir ce document. Concepts et terminologie du programme Le glossaire porposé ci-après reprend les concepts forgés par l'Équipe MIT en vue d'une catégorisation des lieux du tourisme, s'appuyant à la fois sur leur fonctionnement à un moment donné et sur leur dynamique historique. Le classement est alphabétique.
Dominante du moment, ensemble de pratiques et de représentations qui servent de référent pour une société, et par rapport auquel celle-ci se place dans le Monde, que ce soit en l’infléchissant ou en le renforçant. D’une manière ou d’une autre, l’air du temps infuse et se diffuse, ou se rétracte, mais il ne laisse pas indifférent. Permet de concevoir l’effet temporel du contexte des conditions sociétales, à un moment donné, sur les pratiques individuelles.
Concept permettant d’exprimer la dimension géographique du temps, plus précisément de replacer l’air du temps dans l’espace géographique en lui ôtant son prétendu caractère universel. Utilisé – mais non théorisé – par les historiens qui parlent par exemple du « Moyen-Âge européen », sa transposition dans le domaine du tourisme permet de relativiser et de délimiter l’extension et les effets des conditions sociétales fabriquant du tourisme.
Type de lieu touristique maîtrisé par un acteur, promoteur en général. Lieu fermé où s’applique une réglementation spécifique et au sein duquel la fonction d’hébergement est essentielle. Aucune population permanente n’y réside.
Ensemble urbain de grande taille marqué par le tourisme, de forme linéaire, composé d’unités distinctes de tailles différentes, unies par des développements résidentiels et touristiques. Exemples : Côte d’Azur, Gold Coast, Floride orientale, côte sud de l’Angleterre, côte belge éventuellement Los Angeles (de Long Beach à Santa Barbara).
Espace composé de sites et de lieux touristiques variés plus ou moins interdépendants les uns des autres du fait d’une certaine proximité, et parfois avec un lieu plus fédérateur. Par rapport à la conurbation qu est également un ensemble de lieux touristiques, le district touristique n’a ni la même densité, ni la même extension. Il peut ne pas comporter de ville véritable, comme le Lubéron. Principaux caractères communs des districts : uniformisation des structures d’hébergement, types d’entreprises semblables échangeant information et main d’œuvre (exemples : Tarentaise, Périgord, châteaux de la Loire, Cornouaille, villages blancs d’Andalousie, etc.).
Une des modalités du processus d’investissement des lieux au départ non touristiques, avec la subversion. Un lieu diverti est un lieu investi par le tourisme, mais où celui-ci n’est pas dominant. Le processus de diversion aboutit à un certain type de lieu, celui d’une ville à fonction touristique.
Pratiques de mobilité n’impliquant pas un hébergement. Le mot « excursionniste » a été inventé en 1852 par Th. Gautier.
Lieu condensant une forte charge imaginaire, incarnant des pratiques et fonctionnant comme modèle pour d’autres lieux touristiques et urbains. Le haut lieu touristique est rêvé et pratiqué par tous les touristes du Monde. On y trouve une preuve par le repérage, pour chaque moment, des populations les plus récentes accédant au tourisme – aujourd’hui les Chinois et les Coréens. Exemple : Chamonix (de 1780 à nos jours), Bath (de 1700 à 1800), Tivoli (de 1650 à 1800), New-York (de 1920 à nos jours), etc.
Concept visant la compréhension d’un ensemble formé par l’association de réalités en un endroit (topos). Ayant des qualités localisées et localisantes, le lieu est le résultat, provisoire, car toujours en développement, d’une transformation d’un endroit (Stelle) en lieu (Ort).
Lieu où émergent des pratiques touristiques semblables au moment de lieu, mais qui ne s’impose pas comme modèle. Il s’agit d’un lieu du moment.
Lieu par et dans lequel se prépare l’avènement d’une pratique à venir. Celle-ci ne peut s’incarner pu cristalliser dans l’immédiat dans la mesure où elle est étouffée mais elle se révèle à la faveur d’un événement qui la libère. Cf. Waikiki où la Seconde Guerre mondiale a constitué un coup d’arrêt aux mobilités touristiques vers Hawaii alors que les soldats continuaient à fréquenter ce quartier et à en diffuser les images vers le mainland. Une fois la paix revenue, les Américains, tout imprégnés de cet imaginaire durant la Guerre, ont pu « développer » une pratique du lieu bridée jusqu’alors.
Exprime le lieu à la mode à un moment donné, sans nécessairement devenir un modèle pour d’autres lieux.
1. Lieu créé ou investi par le tourisme et transformé pendant au moins un temps par la présence de touristes, huit types de lieux touristiques peuvent être distingués selon que le lieu existait avant le tourisme ou bien créé par le tourisme et selon le degré de transformation induite par l’investissement du tourisme ; 2. Concept permettant d’identifier un ensemble localisé et localisant de tourisme. C’est le résultat provisoire de la transformation d’un endroit en lieu par le tourisme (processus d’invention), ainsi que celle d’un lieu déjà constitué en un lieu d’une nouvelle qualité (processus de subversion et de diversion). Ainsi on distingue le site, le comptoir, la station, la ville, les deux derniers pouvant être affinés en station-ville, ville touristifiée.
Pratiques développées pendant le temps hors travail, dédiées à la seule recréation, une fois accomplies les activités contraignantes. Elles peuvent se déployer dans l’espace du quotidien (maison, quartier, environnement proche), à la différence du tourisme qui se déploie dans un espace-temps du hors-quotidien.
Processus de création d’un lieu touristique ou de subversion d’un lieu ancien par le tourisme qui aboutit à un état : le lieu touristique. L’expression « mise en tourisme » est préférée à « touristification » parce que dans la confusion qui entoure le processus et la convocation fréquente d’interventions naturelles, « mise en tourisme » présente l’avantage de souligner le caractère dynamique et humain de l’action.
Durée intermédiaire entre l’événement (temps court) et les découpages du temps long. Le moment n’a pas de durée définie a priori. Durée plus ou moins précise où un lieu donné (mais aussi une aire ou un réseau de lieux) incarne une situation de portée générale dépassant l’enjeu du lieu lui-même ; donc le moment où le lieu, en raison de l’invention ou de la consolidation d’une pratique ou, plus généralement d’une innovation sociale à dimension spatiale affirmée, a constitué une référence, voire un modèle pour d’autres lieux.
Durée plus ou moins précise, moment décisif, où un lieu donné change de qualité, suite à l’émergence d’innovations sociales. Dans un moment de lieu, il se produit une rencontre autour des pratiques d’acteurs extérieurs, adoptées ou acceptées tacitement par les acteurs internes, le tout dans un contexte spatial et temporel particulier qui lui donne sens et contenu. Ce que fait un touriste pendant son déplacement, combinaison de la mise en acte de ses intentions (son projet) et des réponses qu’il apporte aux suggestions du lieu.
Ensemble de pratiques, de normes, d’institutions et de représentations qui se caractérise par un « relâchement des contraintes » (Elias, 1994) et des pratiques « déroutinisantes », bref une libération contrôlée du self-control quotidien. Elle est en rupture avec la sphère du quotidien, marquée par un fort auto-contrôle des émotions et un caractère récursif des pratiques.
Exprime la mise en réseau des lieux par des itinéraires, reflétant des pratiques itinérantes plus ou moins influencés par des actions volontaires (« routes de … »). Le pays dogon, la route des vins, les réserves au Kenya en constituent des exemples.
Type de lieu touristique créé par invention, c’est à dire par le regard et l’usage des touristes. C’est un lieu de passage, mais non de séjour, car il est sans fonction d’hébergement.
Type de lieu créé et conçu pour le tourisme. Il s’agit d’un lieu urbain où l’activité touristique est dominante, qui a des fonctions urbaines et touristiques peu ou pas diversifiées (en comparaison avec la ville touristique qui se définit par une diversité de fonctions urbaines et touristiques).
Une des deux modalités d’investissement des lieux touristiques, avec la diversion ; un lieu subverti est au départ non touristique, puis investi par le tourisme au point d’en dépendre largement ou totalement. La subversion est donc une forme critique de l’investissement par le tourisme.
Synthétise un ensemble spécifique et historiquement daté de pratiques, d’acteurs et de lieux touristiques. Le système touristique est doté d’une certaine autonomie informant ainsi les lieux touristiques et les pratiques selon les règles en vigueur. On peut mettre en évidence trois systèmes successifs : le tourisme artisanal (XVIII/XIXe siècle), le tourisme industriel (XIXe siècle), le tourisme de masse diversifié (XXe siècle).
Rapport entre le nombre de touristes pouvant être accueillis et le nombre d’habitants permanents.
Tourisme (tourism, 1811 ; tourisme, 1841) Système d’acteurs, de pratiques et de lieux qui a pour objectif de permettre aux individus de se déplacer hors de leur lieu de vie habituel, en allant habiter temporairement d’autres lieux. C’est une des formes de recréation, avec les loisirs.
Système touristique fondé sur un nombre faible de touristes et une économie touristique non-standardisée.
Système touristique le plus récent, fondé à la fois l’accès du plus grand nombre au tourisme et sur l’individualisation des pratiques standardisées et d’autres personnalisées, des pratiques répétitives et d’autres innovantes, la part des pratiques non-marchandes étant élevée. Le tourisme de masse diversifié caractérise une société au sein de laquelle la majeure partie des individus peut choisir d’être touriste ; dès lors, c’est le mode d’être touriste qui les distingue.
Par analogie avec la notion d’ « agriculture hors-sol », exprime un sous-système du tourisme de masse diversifié, qui se fonde sur l’affranchissement des contraintes du site par la création de conditions propres en termes de bâti et d’accessibilité.
Système touristique fondé sur un nombre important de touristes et, concomitamment, la création des conditions standardisées de voyage : agences de voyage, tours opérateurs, hôtels, station touristique, chemin de fer, etc. Ce système se met en place vers 1850 au Royaume-Uni, en France et aux Etats-Unis.
Être humain qui se trouve dans une situation particulière, à savoir dans un lieu autre pour des pratiques de recréation. Cette identité est temporaire et non-exclusive. Les pratiques sont idéalement conformes à la situation touristique, mais peuvent aussi en dévier et être objet de ruses. D’après l’Oxford English Dictionary, le mot « touriste » est utilisé pour la première fois en 1780, dans un ouvrage intitulé Ode to the Genius of Lakes in the North of England (selon Elsa DAMIEN, La Notion de guide à l’épreuve du tourisme naissant. Les Voyageurs anglo-saxons en Italie à l’ère industrielle, thèse Université Paris III – Sorbonne Nouvelle, 2004, sous la dir. de Denis Ferraris, p. 197).
Vacances (de « vacant », « absent, oisif ») Initialement, période où les tribunaux s’interrompent ; plus généralement, aujourd’hui, période durant laquelle cessent les activités ordinaires, le travail en particulier. Cette période peut varier de quelques jours à plusieurs semaines selon ce qu’autorisent les calendriers scolaires, la législation des congés payés ou, pour les retraités et les rentiers, le bon vouloir. Dans le temps des vacances, on peut rester chez soi ou voyager, c’est-à-dire développer des activités de loisirs ou faire du tourisme.
Appellation générique qui traduit plusieurs modalités
de la mise en tourisme ou différents processus d’évolution
des lieux touristiques : ville à fonction touristique, ville-étape,
ville-station, ville « touristifiée ».
Personne qui parcourt un ensemble de lieux plus ou moins éloignés de son domicile habituel. Dans la littérature consacrée au tourisme, le voyageur est fréquemment opposé au tourisme, le premier étant censé visiter les lieux de manière plus informée, plus intelligente, plus sensible que le second. Il s’agit évidemment, d’une représentation. En fait, le voyageur présente un avantage objectif par rapport au touriste : c’est de l’avoir précédé dans le temps. De tout temps il y a eu des voyageurs, alors que les touristes sont d’apparition plus récente, liée à la révolution industrielle. Cette antériorité du voyageur par rapport au touriste alimente une nostalgie et justifie, chez certains membres des catégories dominantes de la société, la capacité à vouloir se penser comme voyageurs et non comme touristes. • |
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Typologie des lieux touristiques On trouvera ci-après un tableau analytique décrivant la typologie des lieux touristiques établie par l'Équipe MIT.
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Typologie simplifiée des lieux touristiques Tableau permettant, à l’aide de trois critères, de pointer les différents types de lieux touristiques que l’on peut rencontrer dans l’histoire du tourisme (y compris « présente » puisque l’on retrouve dans la synchronie ces modèles). À travers ce tableau, ce sont donc aussi des itinéraires possibles de lieux touristiques qui sont mis au jour.
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Bibliographie • Équipe MIT, Tourisme 2. Moments de lieux , Paris, Belin, Coll. Mappemonde, 2005, 349 p. • Équipe MIT, Tourisme 1. Lieux communs , Paris, Belin, Coll. Mappemonde, 2002, 320 p. • LÉVY Jacques et LUSSAULT Michel (dir.), Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Paris, Belin, 2003, 1034 p.
Voir également les bases de données et thesaurus mis au point par le Ministère de la culture.
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